Le Cameroun est un pays aux multiples visages avec ses 250 ethnies et deux langues officielles, véritable carrefour de cultures, de langues et de traditions. Mais cette richesse, qui est une force, est aussi le terreau de tensions persistantes, surtout dans un cadre de gouvernance centralisée. En effet, l’État centralisé a aujourd’hui beaucoup du mal à répondre aux aspirations des différentes communautés, exacerbant ainsi les frustrations locales. C’est dans ce contexte que se dessine l’idée d’un fédéralisme moderne, inspiré des « landers » allemands, mais avec une approche « coopérative » plutôt que « compétitive ». Le modèle des « régions » espagnoles est tout aussi inspirant. Ainsi, plutôt que de dogmatiser le fédéralisme, notre modèle peut également prendre la forme d’une « décentralisation avancée » ou renforcée.
A cet égard, une structuration à quatre grandes régions : le Grand Nord, le Grand Sud, le Grand Littoral et le Grand Ouest, serait appropriée. Chaque région disposerait d’une autonomie renforcée pour gérer ses ressources et ses affaires locales, pendant que l’État central continuerait à jouer un rôle crucial dans la préservation de la souveraineté nationale. Cette organisation offre une solution structurelle aux revendications autonomistes dans ces parties qui ont un sentiment de marginalisation économique et politique, en permettant une gouvernance plus proche des besoins et des attentes locales. Cette solutions se singularise davantage du fait qu’elle offre à chacune des nouvelles régions, la masse critique des ressources nécessaires pour son développement et donc la liberté de ne pas dépendre uniquement des subventions de l’Etat central. Les 4 régions s’organisant comme suit :
Le Grand Sud (Centre, Sud, Est) regorge de ressources naturelles stratégiques, avec des mines de bauxite et de cobalt. L’exploitation forestière et l’agriculture (cacao, café, manioc, etc.) boostent l’économie. Sa diversité humaine et culturelle favorise un développement inclusif. Un système fédéral renforcerait l’autonomie pour une gestion optimale des ressources, encourageant une croissance locale durable et équitable.
Le Grand Littoral (Littoral, Sud-Ouest, Océan, Nyong-et-Kéllé) se positionne comme un hub économique grâce aux ports de Douala et Kribi. Cosmopolite, il bénéficie d’une richesse humaine où anglophones et francophones cohabitent, soutenus par le pidgin comme langue d’intégration. Ses gisements pétroliers et gaziers offrent un fort potentiel industriel. Une gouvernance autonome pourrait assurer paix, cohésion sociale et dynamisme économique. Buea pourrait en être la capitale.
Le Grand Ouest (Nord-Ouest, Ouest) est marqué par des chefferies traditionnelles et une diversité ethnique unie par le pidgin. L’économie repose sur le commerce, l’agriculture et l’artisanat. Toutefois, les tensions de la crise anglophone freinent son élan. Un fédéralisme adapté favoriserait la paix et la cohésion, avec des politiques locales inclusives. Bamenda pourrait en devenir la capitale, ancrant la partie anglophone dans l’unité nationale.
Le Grand Nord (Nord, Extrême-Nord, Adamaoua) est soudé par une langue commune, le fulfulde. Malgré les défis climatiques et sécuritaires, la modernisation agricole et l’élevage offrent un avenir prometteur. Cependant, l’insécurité liée à Boko Haram perturbe l’économie et les populations. Une gouvernance fédérale et des stratégies locales adaptées pourraient transformer ces défis en opportunités, renforçant résilience, paix et prospérité. Choix des capitales des régions.
Le choix des capitales régionales des États fédérés est une décision stratégique intégrant des considérations politiques, économiques, géographiques et historiques. Inspiré du modèle américain, privilégier des villes de taille moyenne favoriserait des centres urbains paisibles, dynamiques et propices à une gouvernance efficace. Ces pôles administratifs modernes deviendraient des moteurs de développement local, adaptés aux spécificités régionales. Un modèle bien structuré, aligné sur les réalités locales, serait un puissant levier de stabilité politique et d’harmonie territoriale. Cependant, Yaoundé demeurera la capitale fédérale, symbole d’unité et de gouvernance politique, tandis que Douala conservera son rôle de capitale économique, moteur du commerce et de l’industrie.
« Construction d’ un Etat Développementaliste Communautaire : Le Cameroun » Tableau Récapitulatif de Quatre Grandes Régions Fédérées au Cameroun



